Je me souviens d’une prédication entendue par moi, quand j’étais encore étudiant, de la part de Mgr Michel Coloni, alors évêque auxiliaire de Paris, durant l’Année Mariale : « lorsque vous touchez au corps, vous touchez à l’âme ». C’était le jour de l’Assomption…
On ne peut pas demander à des personnes qui ne partagent pas notre foi de partager totalement notre conception de la dignité de la personne humaine.
Mais on peut, au moins, faire quelques remarques au moment où le débat parlementaire s’engage sur des voies particulièrement risquées… pour la dignité !
Même en dehors de toutes convictions religieuses, est-on bien sûr que le projet de loi actuel sur la fin de vie n’aboutira pas à un renoncement au soin face à la mort comme « recours » ? N’est-on pas en train de valider dans l’actuel projet des types de situations « existentielles » qui n’ont rien à y faire du point de vue de l’éthique médicale ? Des motifs économiques n’entrent-ils pas en ligne de compte dans le projet actuellement discuté ? La médecine coûte cher, et les finances, en France, ne sont pas en très bonne « santé » … Sauf à considérer que le concept de dignité se retourne comme un gant, ne sommes-nous pas contraints à en redéfinir l’extension et la compréhension aux frontières du vivant ? Enfin, nous ne discutons pas en ce moment de modes de vie acceptés par les uns et rejetés par les autres : nous parlons ici de la « Vie des vivants », comme le jésuite Denis Vasse se plaisait à la nommer. C’est encore plus exigeant et radical, alors que nous savons tous que juger des décisions personnelles en situation singulière n’est pas le propos dans les quelques observations que je viens de faire.
Père Laurent Lemoine, vicaire