Jésus enseigne. Un démoniaque réagit bruyamment. Le Christ le semonce. L’ancien démoniaque est libéré de son aliénation. La foule est dans l’étonnement. Une parole, des troubles, des changements, une restauration. Ainsi pourrait-on décrire le passage d’évangile de ce dimanche, ramené à son épure. Cette description est aussi un programme. L’une et l’autre, description et programme, conviendraient également à d’autres passages du Nouveau Testament. Les mots employés ne sont pas sans ambiguïtés. Ils pourraient être récupérés en vue d’intentions idéologiques et autoritaires. Jésus enseigne avec une autorité spécifique, car elle change la vie de ceux qui s’y exposent, au risque de provoquer des réactions dérangeantes. C’est en fonction des effets de cette autorité libératrice qu’il faut comprendre son projet. Ni le conservatisme ni le progressisme ne sont des valeurs spirituelles. C’est autre chose qu’il s’agit de vivre : un chemin de conversion ; une libération de nos aliénations ; une relation personnelle avec le Seigneur.
L’invitation nous est faite de nous exposer, à notre tour, à la Parole et à la présence du Maître. N’attendons pas qu’il vienne toujours confirmer notre manière de voir et de vivre. Ne nous étonnons pas si l’autorité du Christ provoque quelques troubles, intérieurs ou collectifs. Des démons, bien sages jusque-là, sont démasqués, et des personnes qui provoquaient du trouble sont rétablies dans leur dignité. De simples certitudes aveugles, ou des habitudes dépourvues de liberté et de créativité, sont parfois ces démons que l’autorité du Christ dénonce. Quant aux personnes rétablies dans leur dignité, ne croyons pas trop vite qu’elles relèvent de catégories particulières : nous avons tous besoin de quitter ce qui, en nous, est dépourvu de vie et de liberté, pour devenir un peu plus humains. L’humanité de nos communautés : ce pourrait être une question, une évaluation à conduire, un potentiel missionnaire.
Père David Sendrez