« Offertoire »
Depuis dimanche dernier, Jésus est entré à Jérusalem au terme de son périple initiatique avec ses apôtres en traversant Israël. La liturgie du dimanche de la Passion fait mémoire de cette entrée triomphale, acclamée par la foule, rameaux à la main.
Le chapitre 11 et 12 de l’évangile de St Marc rapporte les événements qui suivent cette entrée. Ils sont marqués par dix dialogues polémiques avec les autorités religieuses de Jérusalem : le Temple, la prière, la relation à l’État romain, la place des dirigeants religieux, la résurrection, le premier commandement. Le dernier dénonce l’attitude des scribes qui profitent de leur position d’autorité religieuse pour eux-mêmes. A l’inverse, il loue celle de la pauvre veuve qui donne ce qu’elle avait pour vivre.
La parole de Jésus devient elle-même choquante. Comme celle de Elie qui demande à la veuve de lui donner ce qui lui reste pour vivre. Jésus et Elie ne sont-ils pas pire encore que les scribes ? Ne sont-ils pas comme le riche de la prophétie de Nathan : il prend l’unique Brebis du pauvre pour sa consommation personnelle ? Non bien évidemment. Le prophète Elie fait cette demande non pour son profit mais pour celui de la veuve. Elle a reconnu en Lui un envoyé de Dieu. Elie lui permet de faire un acte de confiance en Celui qui est la Vie et qui la donne. Et par cet acte, elle remet sa vie elle-même à Dieu.
Jésus fera lui aussi cette démarche ultime. Sur la croix. Il ne lui reste alors plus rien : son corps est brisé, ses disciples sont dispersés et son Père est silencieux, au point de lui dire « pourquoi m’as tu abandonné ? » Jésus va alors donner ce qui lui reste pour vivre : « en tes mains Seigneur, je remets mon esprit. »
Père Arnaud Gautier