« Que votre joie soit parfaite ! »

 

Le jeune homme riche que Jésus rencontre dans l’Evangile de ce jour s’en va tout triste, après que Notre Seigneur lui recommande de vendre tout ce qu’il a : « une seule chose te manque » (Mc 10, 21).

Que me manque-t-il aujourd’hui Seigneur qui pourrait provoquer mon éloignement ?

Si je suis riche en Occident, les enfants de Gaza, les jeunes Juifs assassinés le 7 octobre 2023, les enfants d’Ukraine, eux, sont pauvres, et ne peuvent connaître ni joie ni paix.

Leur joie me manque pour que je sois en paix. Leur joie me manque pour que je fasse autre chose que survivre dans l’opulence depuis             l’invasion de l’Ukraine ou le terrorisme du 7 octobre.

Maudits soient ceux qui dérobent les rires de l’enfance ! Il vaudrait mieux qu’ils s’attachent une meule autour du cou (Lc 17,2).

Je n’ai pas d’autre choix que de laisser se creuser en moi la       « tristesse selon Dieu » évoquée par l’Apôtre (2 Co, 7-10).

Car de ce manque de joie, car dans, ou depuis ce défaut de paix, puisant dans ce manque, c’est à bout de bras que servir mon prochain      hic et nunc est encore possible pour ne pas être une cymbale fêlée (1 Co, 13-1).

Ce qui me manque et me ferait m’éloigner tout triste me commande d’agir en mettant autour de mes reins le tablier du service, en apprêtant la table pour le banquet : « vous qui avez faim, vous qui n’êtes rien : venez ! Dieu vous fait justice ».

C’est par la bonté de quelques-uns que la paix qui vous avait été retirée par d’autres peut revenir plus forte, plus constante, plus profonde : c’est un autre, c’est votre prochain qui jouera pour vous les premières notes de l’ode à la joie, de votre ode à la joie, celle que personne ne pourra plus vous ravir !

Père Laurent Lemoine, Vicaire, Aumônier Hôpital Sainte-Anne