Jésus fait de vifs reproches publics aux scribes et aux pharisiens dans leur ensemble. Comme si ces défauts n’étaient pas liés à une déviance personnelle mais à la fonction même. Ils sont tous mis à la même enseigne : ils disent et ne font pas, ils sont hypocrites et courent après les honneurs. En un mot, ils n’obéissent pas à ce qu’ils enseignent eux-mêmes en commentant les Écritures.
Jésus nous demande-t-il alors de les rejeter ? Nous demande-t-il de ne pas les écouter ? « Pratiquez et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire. » – répond Jésus. Ses apôtres seront-ils de meilleurs « porte-parole » ? L’Évangile nous rapporte plusieurs fois qu’ils ne comprennent pas grand-chose de ce que dit Jésus et qu’ils sont prêts à faire tomber les foudres du ciel sur ceux qui ne les accueillent pas … pas très évangélique …
Jésus renonce-t-il à les envoyer ? Choisit-il une autre manière de porter sa Parole au monde ? Il les envoie prêcher en son nom dès le début de son ministère. Vous me direz que ça va s’arranger après la Pentecôte … Lisons les Actes des Apôtres et les lettres de Paul (1Tm 4, 3) et voyons que bien des prédicateurs prêchent au nom du Christ mais ils agissent en fait pour eux-mêmes et divisent la communauté.
2000 ans d’histoire vont suivre, avec son lot de schismes et de trahisons. Et pourtant la Parole n’a cessé de progresser partout dans le monde. Au point qu’aujourd’hui, un habitant sur trois de la planète confesse le nom de Jésus. Car beaucoup d’hommes ont accueilli la parole des prédicateurs non pas comme une parole d’homme mais comme la parole vivante de Dieu qui pénètre les esprits (1Th2, 12), convertit les cœurs, qui enseigne et guérit (1Tm 3, 13 ; 2Tm3, 16). Elle a engendré les milliers de saints que nous avons fêtés cette semaine. Et malgré parfois l’indignité des chrétiens et des prêtres, Dieu « vous a fait renaître d’une semence impérissable, sa parole vivante qui demeure. » (1P1, 23).